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IV



Mes préparatifs furent vite faits. J’eus la chance que la jeune comtesse roumaine, qui s’était fort éprise de moi, voulût bien m’aider de ses conseils et, ma foi, je le dis, non sans honte, de sa bourse aussi.

D’ailleurs, j’eus toutes les chances.

Ma mission s’annonçait bien. Par une exceptionnelle dérogation aux coutumes bureaucratiques, huit jours après cette conversation décisive dans les salons de Mme  G…, je touchais sans nulle anicroche, sans nul retard, les susdits crédits. Ils étaient libéralement calculés, et comme je n’osais pas espérer qu’ils le fussent, car je connaissais « la chiennerie » du gouvernement en ces matières, et les pauvres petits budgets sommaires dont on gratifie si piteusement les