Page:Mirbeau - Le Journal d’une femme de chambre.djvu/247

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pour sûr… faut dire aussi que c’est bien payé…

Il se remit devant la petite table où il épluchait ses graines. Les deux chiens réveillés tournèrent dans la pièce et allèrent se recoucher plus loin.

— Oui… oui… répéta-t-il… c’est pas mal payé… Ah ! ils en ont de l’argent, allez, les messieurs prêtres…

Et comme s’il eût craint d’avoir trop parlé, il ajouta :

— Je vous dis ça… Célestine… parce que vous êtes une bonne femme… une femme d’ordre… et que j’ai confiance en vous… C’est entre nous, dites ?…

Après un silence :

— Quelle bonne idée que vous soyez venue ici, ce soir… remercia-t-il… C’est gentil… ça me flatte…

Jamais je ne l’avais vu aussi aimable, aussi causant… Je me penchai sur la petite table, tout près de lui, et, remuant les graines triées dans une assiette, je répondis avec coquetterie :

— C’est vrai aussi… vous êtes parti, tout de suite, après le dîner. On n’a pas eu le temps de tailler une bavette… Voulez-vous que je vous aide à éplucher vos graines ?

— Merci, Célestine… C’est fini…

Il se gratta la tête :

— Sacristi !… fit-il, ennuyé… je devrais aller voir aux châssis… Les mulots ne me laissent pas