Page:Mirbeau - Le Journal d’une femme de chambre.djvu/296

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ni foudre… en Asie où tout était verdoyant et parfumé… où les fleurs étaient hautes comme des arbres, et les arbres comme des montagnes… Maintenant, il n’y a rien de tout cela en Asie… À cause des péchés que nous avons commis, il n’y a plus, en Asie, que des Chinois, des Cochinchinois, des Turcs, des hérétiques noirs, des païens jaunes, qui tuent les saints missionnaires et qui vont en enfer… C’est moi qui vous le dis… Autre chose !… Savez-vous ce que c’est que la Foi ?… la Foi ?…

Un des enfants, balbutiait, très sérieux, sur le ton d’une leçon récitée :

— La Foi… l’Espérance… et la Charité… C’est une des trois vertus théologales…

— Ce n’est pas ce que je vous demande, récriminait M. le Doyen. Je vous demande en quoi consiste la Foi ?… Ah !… vous ne le savez pas non plus ?… Eh bien, la Foi consiste à croire ce que vous dit votre bon curé… et à ne pas croire un mot de tout ce que vous dit votre instituteur… Car il ne sait rien, votre instituteur… et ce qu’il vous raconte, ce n’est jamais arrivé…


L’Église de Port-Lançon est connue des archéologues et des touristes. C’est un des édifices religieux les plus intéressants de cette partie de la Normandie, où il en existe tant d’admirables… Sur la façade occidentale, au-dessus d’une porte centrale, en ogive, une rose s’épanouit délicate-