Page:Mirbeau - Le Journal d’une femme de chambre.djvu/312

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Continuant de m’examiner minutieusement, elle s’écria tout à coup :

— Ah ! vos cheveux !… Je désire que vous vous coiffiez autrement… Vous n’êtes pas coiffée avec élégance… Vous avez de beaux cheveux… il faut les faire valoir… C’est très important, la chevelure… Tenez, comme ça… dans ce goût-là…

Elle m’ébouriffa un peu les cheveux sur le front, répétant :

— Dans ce goût-là… Elle est charmante… Regardez, Mary… vous êtes charmante… C’est plus convenable…

Et, pendant qu’elle me tapotait les cheveux, je me demandais si Madame n’était point un peu loufoque, ou si elle n’avait point des passions contre nature… Vrai ! Il ne m’eût plus manqué que cela.

Quand elle eut fini, contente de mes cheveux, elle m’interrogea :

— Est-ce là votre plus belle robe ?…

— Oui, Madame…

— Elle n’est pas bien, votre plus belle robe… Je vous en donnerai des miennes que vous arrangerez… Et vos dessous ?

Elle souleva ma jupe et la retroussa légèrement :

— Oui, je vois… fit-elle… Ce n’est pas ça du tout… Et votre linge… est-il convenable ?

Agacée par cette inspection violatrice, je répondis d’une voix sèche :