Page:Mirbeau - Le Journal d’une femme de chambre.djvu/337

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fût repris pour moi d’un goût passager, hélas !… Alors recommençaient les familiarités louches, les complicités honteuses, les cadeaux de chiffons, les promesses de gages doublés, les lavages à la crème Simon — c’est plus convenable — les initiations aux mystères des parfumeries raffinées… Madame réglait thermométriquement sa conduite envers moi sur celle de M. Xavier… Les bontés de l’une suivaient immédiatement les caresses de l’autre ; l’abandon du fils s’accompagnait des insolences de la mère… J’étais la victime, sans cesse ballottée, des fluctuations énervantes par où passait l’intermittent amour de ce gamin capricieux et sans cœur… C’est à croire que Madame dût nous espionner, écouter à la porte, se rendre compte par elle-même des phases différentes que nos relations traversaient… Mais non… Elle avait l’instinct du vice, voilà tout… Elle le flairait à travers les murs, à travers les âmes, ainsi qu’une chienne hume dans le vent l’odeur lointaine du gibier.


Quant à Monsieur, il continuait de sautiller parmi tous ces événements, parmi tous les drames cachés de cette maison, alerte, affairé, cynique et comique. Le matin, il disparaissait, avec sa figure de petit faune rose et rasé, ses dossiers, ses serviettes bourrées de brochures pieuses et d’obscènes journaux. Le soir, il réapparaissait, cravaté de respectabilité, bardé de socialisme chrétien, la