Page:Mirbeau - Le Journal d’une femme de chambre.djvu/338

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démarche un peu plus lente, le geste un peu plus onctueux, le dos légèrement voûté, sans doute sous le poids des bonnes œuvres accomplies dans la journée… Régulièrement, le vendredi, c’était toujours, presque sans variantes, la même scène burlesque.

— Qu’est-ce qu’il y a là-dedans ? faisait-il, en me montrant sa serviette.

— Des cochonneries… répondais-je, en riant.

— Mais non… des gaudrioles…

Et il me les distribuait, attendant pour se déclarer, que je fusse à point, et se contentant de me sourire d’un air complice, de me caresser le menton, de me dire, en passant sa langue sur ses lèvres :

— Hé !… hé !… Elle est très drôlette, cette petite…

Sans décourager Monsieur, je m’amusais de son manège et je me promettais bien de saisir l’occasion éclatante et prochaine de le remettre vivement à sa place.

Un après-midi, je fus très surprise de le voir entrer dans la lingerie où j’étais seule à rêvasser tristement sur mon ouvrage. Le matin, j’avais eu avec M. Xavier une scène pénible et l’impression n’en était pas encore effacée… Monsieur referma la porte doucement, déposa sa serviette sur la grande table, près d’une pile de draps, et, venant à moi, il me prit les mains, les tapota. Sous la paupière battante, son œil virait, comme