Page:Mirbeau - Le Journal d’une femme de chambre.djvu/360

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vous !… je veux ma malle… vous allez me donner ma malle tout de suite.

La sœur Boniface eut peur.

— Je ne veux pas discuter avec une fille perdue, dit-elle d’une voix digne… C’est bien… vous partirez…

— Avec ma malle ?

— Avec votre malle…

— C’est bon… Ah ! il en faut des manières ici, pour avoir ses affaires… C’est pire qu’à la douane…

Je partis, en effet, le soir même… Cléclé, qui fut très gentille, et qui avait des économies, me prêta vingt francs… J’allai retenir une chambre chez un logeur de la rue de la Sourdière… Et je me payai un paradis à la Porte-Saint-Martin. On y jouait les Deux Orphelines… Comme c’est ça !… C’est presque mon histoire…

Je passai là une soirée délicieuse, à pleurer, pleurer, pleurer…