Page:Mirbeau - Le Journal d’une femme de chambre.djvu/442

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— Ah ! madame la comtesse donne le lait et les œufs ?… Et elle éclaire ?

Et, comme pour lui demander conseil, il regardait sa femme, tout en murmurant :

— Dame !… c’est quelque chose… On ne peut pas dire le contraire… ça n’est pas mauvais…

La femme balbutia :

— Pour sûr… ça aide un peu…

Puis, tremblante et embarrassée :

— Madame la comtesse donne aussi, sans doute, des étrennes au mois de janvier et à la Saint-Fiacre ?

— Non, rien…

— C’est l’habitude, pourtant…

— Ça n’est pas la mienne…

À son tour, l’homme s’enquit :

— Et pour les belettes…, les fouines…, les putois ?

— Rien, non plus… je vous laisse la peau !…

Cela fut dit d’un ton sec, net, après quoi il n’y avait plus à insister… Et, tout à coup :

— Ah ! je vous préviens, une fois pour toutes, que je défends au jardinier de vendre ou de donner à quiconque des légumes. Je sais bien qu’il faut en faire trop pour en avoir assez… et que les trois quarts se perdent. Tant pis !… J’entends qu’on les laisse se perdre…

— Bien sûr… comme partout, quoi !…

— Ainsi, c’est entendu ?… Depuis quand êtes-vous mariés ?