Page:Mirbeau - Le Journal d’une femme de chambre.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cifix de cuivre doré, et je mettrai sur la cheminée ma bonne vierge de porcelaine peinte, avec mes petites boîtes, mes petits bibelots et les photographies de monsieur Jean, de façon à introduire dans ce galetas un rayon d’intimité et de joie.

La chambre de Marianne est voisine de la mienne. Une mince cloison la sépare et l’on entend tout ce qui s’y fait… J’ai pensé que Joseph, qui couche dans les communs, viendrait peut-être chez Marianne… Mais non… Marianne a longtemps tourné dans la chambre… Elle a toussé, craché, traîné des chaises, remué un tas de choses… Maintenant elle ronfle… C’est sans doute dans la journée qu’ils font ça !…

Un chien aboie, très loin, dans la campagne… Il est près de deux heures, et ma lumière va s’éteindre… Moi aussi, je vais être obligée de me coucher… Mais je sens que je ne pourrai pas dormir…

Ah ! ce que je vais me faire vieille, dans cette baraque !… Non, là, vrai !