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PRÉFACE DE LA NEUVIÈME ÉDITION
DU « CALVAIRE »


Le Calvaire a été fort malmené par les patriotes — ces gens-là ne plaisantent point — aussi malmené qu’un tonneau de bière allemande — ce qui serait pour blesser mon amour-propre — ou qu’un opéra de Wagner — ce qui serait pour l’exalter. Les patriotes ont détaché de mon livre un court chapitre, où il est question de la guerre, douloureusement (peut-être eussent-ils désiré que j’en parlasse gaîment, comme d’un vaudeville et d’un ballet), et c’est sur ce chapitre seul que leur verve s’est exercée, ce qui a fait croire à ceux qui ne l’avaient pas lu que le Calvaire est un roman militaire. Les épithètes vengeresses, les qualificatifs justiciers ne m’ont point été épargnés. Il y a eu aussi des déclarations inattendues, gonflées du patriotisme le plus impatient ; quelques-uns voulaient mourir pour la patrie dans les vingt-quatre