Page:Mirbeau - Les Écrivains (première série).djvu/155

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un plaisir que de le voir arpenter la campagne, marcher le long de la rivière, l’air si heureux d’être là. Et puis, il rentrait, et toute la journée il écrivait. On le revoyait avant son dîner. Il causait avec les pêcheurs, s’asseyait sur la berge. Jamais je n’ai vu un homme si peu fier, et pourtant il avait à Paris une position superbe, à ce qu’on disait. Eh bien, malgré cela on se sentait à son aise avec lui, on était content de lui parler, parce que, voyez-vous, on sentait que c’était un brave homme. J’en ai connu de ces messieurs-là… et des commerçants d’Elbeuf, riches à milliards et qui épataient le monde… et des magistrats de Paris, et d’autres… Non, ce n’était plus M. Caro. Et je vais vous dire… nous ne sommes pas sans lire les journaux, quelquefois… et nous avons vu qu’on disait ceci et ça de M. Caro… des bêtises, des menteries, quoi… Ceux qui écrivaient ces choses, à mon avis, c’est qu’ils ne le connaissaient pas.

Mais connaît-on jamais les hommes les plus connus, aujourd’hui surtout que les talents, les consciences, les caractères sont de plus en plus souvent livrés aux lourdes mains des reporters, lesquels sont en train de nous préparer une histoire plus extraordinaire que celle du père Loriquet.