Page:Mirbeau - Les Écrivains (première série).djvu/182

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mières, nous allons au jardin ; il fera frais sur la pelouse, après la pluie. J’ai besoin d’un peu de repos… Oh ! voilà le soleil.

(Le soleil entre dans la chambre.)

LA NOURRICE

Venez, venez, nous allons au jardin.

LE ROI

Mais il faut enfermer le petit Allan… Je ne veux plus qu’il vienne m’épouvanter.

LA NOURRICE

Oui, oui, nous l’enfermerons. Venez, venez…

LE ROI

Avez-vous la clef ?

LA NOURRICE

Oui, venez.

LE ROI

Aidez-moi… J’ai un peu de peine à marcher… Je suis un pauvre petit vieux… Les jambes ne vont plus… Mais la tête est solide… (S’appuyant sur la nourrice.) Je ne vous fais pas mal ?

LA NOURRICE

Non, non, appuyez hardiment.

LE ROI

Il ne faut pas m’en vouloir, n’est-ce pas ? Moi qui suis le plus vieux, j’ai du mal à mourir… Voilà, voilà… À présent, c’est fini… Je suis heureux que ce soit fini, car j’avais tout le monde sur le cœur.

LA NOURRICE

Venez, mon pauvre seigneur…

LE ROI

Mon Dieu ! Mon Dieu ! Elle attend à présent sur les quais de l’enfer.

LA NOURRICE

Venez, venez.