Page:Mirbeau - Les Écrivains (première série).djvu/70

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profonde, comme il arrive à tous ceux qui connaissent les hommes. M. de Vogüé me charme surtout par les qualités de poète qui sont en lui, et qui complètent admirablement l’observateur et l’historien qu’il est à un haut degré. Il éprouve devant la nature des sensations vives, des émotions lyriques qu’il sait rendre en un style coloré, très artiste, abondant d’expressions, un style d’impression et de mouvement où l’image des choses surgit éclatante et nette, où l’âme des êtres apparaît avec ses joies et ses douleurs d’humanité.

M. Melchior de Vogüé s’est montré, en ce volume, écrivain de grand mérite, et j’ai plaisir à constater qu’il continue la grande tradition des écrivains-gentilshommes qui dotèrent la littérature française de tant de chefs-d’œuvre, et dont les petits-fils semblent aujourd’hui ne plus illustrer que par leur ignorance et leur mépris des belles choses, les races qui s’éteignent et les sociétés qui s’en vont.