Page:Mirbeau - Les Vingt et un Jours d’un neurasthénique, 1901.djvu/147

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» – Un fantôme, voilà tout… Vous ne le connaissez pas, vous n’avez rien vu… C’est un fantôme comme tous les fantômes… Allons-nous-en… Vous réfléchirez en route…

« Et, haussant les épaules, avec un air de mépris souverain, il dit encore :

» – Ah ! les imbéciles qui marchandent l’amour d’un fantôme… d’un pareil fantôme !… Oh ! là là !… Et ça se vante de chercher des sensations rares, des voluptés inédites ?… Littérateurs !… Allons-nous-en… »


Ayant terminé son récit, Robert tout à coup me demanda, en sautant de voiture.

— Et tu ne sais pas… qui habite, cette année, la villa hantée ?… Mais, c’est Dickson-Barnell, le milliardaire américain… D’ailleurs, tu sais que nous dînons ce soir, avec lui… À tout à l’heure !…


Un charmant garçon que ce Dickson-Barnell…

Les présentations faites et quelques cocktails bus ensemble, avant le dîner, nous devînmes, tout de suite, les meilleurs amis du monde… C’était du reste – il m’a paru tel au premier abord – un joyeux compagnon, d’une gaieté entraînante et franche… franche comme l’or. Cordialement, je m’empressai de le féliciter de sa gaieté.

— Une vertu bien rare, cher monsieur, et qui se perd, de jour en jour, chez nous… dis-je avec une