Page:Mirbeau - Les Vingt et un Jours d’un neurasthénique, 1901.djvu/192

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— Oui, en effet, il en est question…

— Et avec quelle froideur tranquille tu accueilles cette infamie… ces potins antédiluviens et périmés ? Mais tu ne sais donc pas la situation que cela me fait dans mon ménage ?

— Ton ménage… répliquai-je prudhommesquement… cela n’a pas d’importance… C’est la situation que cela va te créer dans le pays qui est embêtante…

— Ah ! le pays !… je me fiche un peu du pays… déclara Parsifal sur un ton de mépris admirable… Mais il y a ma femme… Ma femme n’est pas une entité négligeable, une abstraction, comme le pays… Et les reproches, et les scènes, et les histoires ! .. Ah ! ce n’est pas fini…

— Ta femme discutai-je… ça n’est pas sérieux… Qu’est-ce qu’elle peut dire ?… Comment peut-elle te reprocher une concussion dont elle-même profita par des toilettes plus riches, un intérieur plus soigné, et par la vie plus facile que représente, dans un ménage comme le sien, l’aubaine imprévue de quarante-sept mille cinq cents francs ? .. Mais elle est ta complice, ta femme…

— Tu n’y es pas du tout, mon pauvre ami. Et tu parles comme un économiste… Ma femme n’a profité de rien… Ah ! ça, crois-tu, franchement, que j’aurais été assez bête pour donner à ma femme… là, voyons, quarante-sept mille cinq cents francs ?… Tu ne l’as donc jamais regardée ?…