Page:Mirbeau - Les Vingt et un Jours d’un neurasthénique, 1901.djvu/198

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bout de laquelle je savais qu’il y avait une porte de sortie… sur la campagne. Très intrigué, Parsifal insista pour connaître la cause de mon trouble… Je refusai de la lui dire… mais vous la comprendrez, chères lectrices, quand vous aurez appris ce que c’était que ce Jean-Jules-Joseph Lagoffin… Voici :


Ayant subi d’importantes pertes dans des affaires malheureusement moins certaines et tout aussi honorables que les syndicats du Panama, des Chemin de fer du Sud et autres, force me fut, un jour, de « faire argent de tout », comme on dit. Je diminuai mon train de maison et réduisis ma domesticité au strict nécessaire – je veux dire à un valet de chambre et à une cuisinière –, sans que, d’ailleurs, l’économie me parût bien notable, ces braves serviteurs s’étant mis aussitôt, à eux deux, à me voler autant que les cinq que j’avais congédiés. Je vendis chevaux et voitures, ma collection de tableaux et de faïences persanes, une partie de ma cave, hélas ! et mes trois serres, lesquelles étaient garnies de plantes rares et magnifiques. Enfin, je me décidai à mettre en location un petit pavillon, un délicieux petit pavillon, indépendant de la propriété, et que j’avais spécialement aménagé pour des visites mystérieuses qui me coûtaient fort cher, et que je dus supprimer aussi. Par sa position isolée dans le parc et son ameublement confortable, ce pavillon