Page:Mirbeau - Les Vingt et un Jours d’un neurasthénique, 1901.djvu/199

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pouvait fort bien convenir à un villégiaturiste de n’importe quel sexe, qui, durant trois mois d’été, eût désiré y peupler son célibat ou y cacher son adultère.

Alléchées par des annonces dans ce sens, beaucoup de personnes – étranges, ma foi, et fort laides – vinrent, à qui je vantai l’excellence et la sécurité de cette retraite – extérieurement tapissée de vignes vierges –, car, pour l’intérieur, ce n’était point l’habitude – oh ! non ! – qu’on y vît des feuilles de vigne, et encore moins des vierges. Mais ces personnes se montrèrent si exigeantes quant aux réparation à faire – ne voulaient-elles pas qu’on portât la cave au grenier, et le grenier à la cave ? – que je ne pus m’entendre avec elles. Et je désespérais de louer jamais ce pavillon – car la saison s’avançait – lorsque, une après-midi, un petit monsieur, très rasé, très droit, très poli et déjà vieux, se présenta, le chapeau à la main, pour visiter. Il avait des vêtements d’une coupe ancienne et qui ne faisaient pas un pli, une longue chaîne de montre chargée de breloques bizarres, et une perruque d’un blond verdâtre dont l’architecture démodée rappelait les plus mauvais jours de notre histoire orléaniste.

Ce petit monsieur trouva tout admirable… admirable !… et ne cessa de s’extasier en termes si complimenteurs, que je ne savais, vraiment, comment lui répondre. Dans le cabinet de toilette,