Page:Mirbeau - Les Vingt et un Jours d’un neurasthénique, 1901.djvu/257

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avec sa canne, les herbes autour de lui… il s’écria d’une voix amicale :

— Sacré père Franchart, va !…

Puis :

— Et la pêche ?… Ça marche ?…

— Vous êtes bien honnête, monsieur le marquis… Tout doucement… Je ne suis pas mécontent aujourd’hui…

— Ah ! Ah !… Tant mieux… tant mieux, sapristi !… Et vous en avez pris beaucoup, des écrevisses ?

— Ma foi !… peut-être deux cents, monsieur le marquis… peut-être plus…

— Sacré mâtin !… Et des belles ?

— Il n’y a pas plus beau, monsieur le marquis !…

— Et qu’est-ce que ça vaut, les écrevisses ?

— Des écrevisses… comme ça… monsieur le marquis… ça vaut bien cent sous le cent… Ça ferait donc dix francs…

— Nom d’un chien !… Fameuse journée, père Franchart… ça va faire bouillir la marmite… hein ?

— Ah ! dame, monsieur le marquis… il y a bien, bien longtemps que ça ne m’est arrivé…

Le marquis toucha du bout de sa canne l’épaule du vieux… et il dit :

— Puisqu’elles sont si belles… vos écrevisses… j’ai bien envie de vous les prendre…

— À votre service, monsieur le marquis…

— Montrez-les moi…