Page:Mirbeau - Les Vingt et un Jours d’un neurasthénique, 1901.djvu/269

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de gloire et d’honneur que représentait si bellement ce moderne et parfait gentilhomme.

Et, tout en marchant, tout en écoutant le marquis, Chomassus admirait les grandes pelouses onduleuses, les mosaïques de fleurs, les énormes massifs d’arbres, au loin, les communs, élégantes constructions de pierre blanche et de brique rose, dont les toits historiés, campanilés, s’effilaient gracieusement sur le ciel, et tout ce qu’une telle propriété évoquait, en son âme d’humble commerçant parisien, de gloire, de faste, de volupté… En longeant l’emplacement d’un tennis, le marquis lui demanda :

— Vous aimez le tennis ?… Et Mme Chomassus l’aime aussi, sans doute ?… Je vous préviens que la marquise y est très forte… vous ne la gagnerez pas facilement.

Puis, l’emplacement dépassé :

— Ah ! mon cher, s’écria-t-il, je suis vraiment heureux que vous profitiez de cette « occasion exceptionnelle »… Il faut que ce soit vous, par exemple… Sapristi… est-ce curieux que vous m’ayez tapé dans l’œil, de cette façon-là !… Qu’est-ce qu’il y a donc en vous pour que vous fassiez de moi ce que vous voulez ?… La séduction, voilà… Sacré Chomassus !… On n’a pas le temps de s’en garer… que… pan… ça y est !… Et pourtant, je ne suis pas commode à émouvoir, moi… Je ne suis pas un jobard… je la connais dans les coins… Mais avec vous… pas moyen, nom de Dieu !…