Page:Mirbeau - Les Vingt et un Jours d’un neurasthénique, 1901.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

passait l’ombre de mains tordues. Je ne sais comment je me trouvai dans une chambre très claire. Mon ami Triceps me sauta au cou et me dit :

— Ah ! par exemple ! … Ah ! par exemple ! … C’est toi ?… Ah ! tu tombes bien… tu ne pouvais pas mieux tomber… Quelle chic idée !…

Et, sans autres paroles de bienvenue, il débita :

— Écoute… tu vas me rendre un service, n’est-ce pas ?… Tiens, je viens de terminer un petit travail sur les « dilettantes de la chirurgie »… Tu ne sais pas ce que c’est, peut-être ?… Non ?… C’est une nouvelle folie qu’on vient de découvrir… Les types qui découpent les vieilles femmes en morceaux… ça n’est plus des assassins… c’est des dilettantes de la chirurgie. Au lieu de leur donner du couperet sur la nuque, on leur flanque des douches… Du service de Deibler, ils ont passé dans le mien… C’est comme ça… Tordant, hein ?… tordant !… Mais moi, ça m’est égal… J’ai fait un mémoire très documenté sur les dilettantes de la chirurgie… j’ai même – ça, c’est rigolo – j’ai même trouvé la circonvolution cérébrale correspondant à cette manie… tu comprends ?… Alors, voilà, je vais présenter ce mémoire à l’Académie de médecine de Paris… Eh bien, il faut que tu intrigues pour m’obtenir un prix… un prix épatant… et les palmes académiques… Je compte sur toi… Tu verras Lancereaux, Pozzi, Bouchard, Robin, Dumontpallier … tu les verras tous… je compte sur toi, hein ?… Du