Page:Mirbeau - Les Vingt et un Jours d’un neurasthénique, 1901.djvu/418

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baron… Et si les miennes n’en avaient pas, vous ne trembleriez point de peur en ce moment, comme vous faites… hé ?…

— Moi ?… Ta ta ta ta !… Tous les Bretons sont un peu toqués…

Mais il avait résolu de fermer ses oreilles aux voix qui, à cette minute même, j’en suis sûr, se multipliaient en lui et lui disaient, et lui criaient : « Cet homme a raison… Achète-lui une livrée toute neuve… Brûle celle-ci en qui, malgré l’étuve et les acides du teinturier, habite un démon… n’en garde même pas les cendres… » Et, brusquement, avec des geste fébriles, qui faisaient craquer les jointures de ses longues mains blanches, il me dit :

— Venez, maintenant, que je vous montre votre chambre.

La chambre se trouvait au-dessus de l’écurie, et à côté du grenier. On y accédait par un petit escalier de bois, où traînaient toujours des brindilles de paille et des poussières de foin. Un vrai galetas que cette chambre, et dont un chien n’aurait pas voulu pour sa niche. Tout de suite je me dis : « Attends un peu que j’aie levé dans le quartier une jolie petite femme de chambre… une jolie petite fruitière… une jolie petite n’importe quoi… et tu verras si je pose longtemps là-dedans ! » Une couchette de fer avec un matelas sordide, deux tabourets paillés, une table de bois blanc supportant une cuvette ébréchée, composaient