Page:Mirbeau - Les Vingt et un Jours d’un neurasthénique, 1901.djvu/432

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Alors je quittai l’écurie, m’habillai à la hâte et sortis… Une vraie bordée, et qui dura trois jours et trois nuits.

Ce ne fut que le quatrième jour que, très ivre, pouvant à peine me tenir sur mes jambes, je réintégrai la maison de la rue du Cherche-Midi, au petit matin… Je dus attendre, assis sur le trottoir, parmi les ordures, que la porte s’ouvrît… Je n’avais pas d’autre idée que de me coucher, cuver mon vin, dormir des heures, des heures et des heures… Non, en vérité, je n’en avais pas d’autre… Et quelle autre idée pouvais-je avoir avec une telle ivresse qui liquéfiait mon cerveau et me soulevait l’estomac en lourdes houles de nausées ?…

Je trouvai la porte de ma chambre fermée à clef, la porte du grenier ouverte… Je pénétrai dans celui-ci et, d’un bloc, je me laissai tomber sur les bottes de foin, qui me parurent un lit moelleux et charmant. Je n’étais pas là depuis dix minutes, que le vieux Bombyx montra, dans le rectangle de la porte, sa silhouette courbée, cassée, tout en angles étranges. Il venait chercher une botte de foin, pour Fidèle, et je compris que c’était lui qui, durant ces trois jours d’absence, faisait mon service… Cette constatation m’amusa.

Il ne m’avait pas vu, il ne savait pas que j’étais rentré… Et, grognant tout seul des injures à mon adresse, sans doute : « Bandit !… Misérable