Page:Mirbeau - Les Vingt et un Jours d’un neurasthénique, 1901.djvu/441

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— Pourquoi ne t’es-tu pas tué ?… ai-je crié, énervé par la voix de mon ami, et gagné, moi aussi, par l’horrible obsession de la mort qui flotte sur les monts, autour des pics, plane sur les gouffres et m’arrive, comme autant de glas, du tintement des clochettes qui se multiplie sur les pentes du plateau…

Roger a répété d’une voix tranquille :

— On ne tue pas ce qui est mort… Je suis mort depuis vingt ans que je suis ici… Et toi aussi, depuis longtemps tu es mort… Pourquoi t’agiter de la sorte ?… Reste où tu es venu !…


J’ai commandé le guide qui doit me ramener vers les hommes, la vie, la lumière… Dès l’aube, demain, je partirai…