Page:Mirbeau - Lettres de ma chaumière.djvu/178

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En effet, la lettre annonçait que le beau-père était bien définitivement mort et qu’il n’y avait à craindre aucune résurrection.

Dugué loua un nouveau cheval, une nouvelle carriole, et partit de nouveau pour Le Jarrier, sans se presser, s’arrêtant à tous les bouchons de la route, interpellant drôlement tous les gens qu’il rencontrait.

— Na ! ma cocotte ; oh ! oh ! ma biche, disait-il à son cheval, d’une voix attendrie.

Puis il s’adressait directement à son beau-père, le tutoyait. Il se sentait pour lui une immense affection.

— C’sacré biau-pé ; c’était point un mauvais homme tout d’même ! Ah ! l’pauv’bounhomme !

En ce moment, il n’eût point donné l’héritage pour cinq mille écus.

Quand le père Dugué vous contait cette terrible aventure, il avait coutume de s’interrompre à cette partie de son récit. Et, les yeux hagards, la bouche frémissante de colère, il vous demandait :