Page:Mirbeau - Lettres de ma chaumière.djvu/24

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Eh bien ! vous allez voir.

Le paysan, comme tout le monde, veut être de son siècle, et il suit, comme tout le monde, le vertige de folie où tout dégringole. On peut dire même qu’il n’y a plus de paysans.

Chaque matin, l’aube a-t-elle, derrière le coteau, montré le bout de son nez rose, que me voilà debout. Et j’arpente la campagne. Moment délicieux ! Les arbres s’éveillent au chant des pinsons, les prés s’étirent plus verdissants ; à chaque brin d’herbe, tremble une gouttelette de rosée, et de partout vous viennent d’exquis parfums qui montent de la terre avec les brumes. C’est l’heure charmante où l’alouette s’élève dans le ciel, salue de ses trilles et de ses roulades le matin jeune, virginal et triomphant. Et le jour grandit, empourprant les haies, étalant