Page:Mirbeau - Lettres de ma chaumière.djvu/407

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l’infortuné Pescaire rêvait à de vagues cataclysmes… Peut-être que les montagnes s’ébouleraient tout à coup !… peut-être une guerre dont on apprendrait brusquement la nouvelle !… peut-être une révolution qui éclaterait comme un coup de foudre… peut-être la voiture de Cassaire qui roulerait au fond d’un précipice !… Cette idée surtout le séduisait… Oh ! si la voiture pouvait… Mais non, elle filait doucement, devant lui, au trot ralenti de ses deux rosses… Alors quoi ?… Mon Dieu, c’était épouvantable !

De son côté, Cassaire, qui, malgré ses vingt duels, dont cinq mortels, se trouvait exactement dans les mêmes conditions que Pescaire, claquait des dents et comptait les dernières minutes d’existence que voulait bien lui laisser, par pitié sans doute, cet adversaire farouche, que son imagination lui montrait affamé de meurtres, fauchant les têtes et trouant les poitrines avec une effroyable dextérité.

Ce ne fut que le lendemain soir, que les