Page:Mirbeau - Théâtre I.djvu/144

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LUCIEN

Oui…

GERMAINE

Et laisse-moi faire… mon cher Lucien… Je comprends tes scrupules… après tout… C’est à moi… qui n’en ai pas… qu’il appartient d’agir… Rentre au pavillon, mon chéri. Il faut que tes comptes soient nets… que tes livres soient bien en ordre. Je ne veux pas que mon père… puisse te reprocher quoi que ce soit de ce côté… Et embrasse-moi… Prends-moi bien fort dans tes bras. (Ils s’étreignent.) Tu ne regretteras rien, va… Quand nous serons tous les deux… loin d’ici… tu verras comme je redeviendrai gaie… comme je n’aurai plus jamais… plus jamais… ces vilains yeux tristes que tu me reproches… et comme tu m’aimeras… et comme je t’aimerai, toi… Tu verras, comme nous serons heureux !

LUCIEN

Oui… nous serons heureux… si tu ne veux pas notre bonheur trop au-dessus de la vie… trop au-dessus de nous…

GERMAINE

Méchant… (Un temps.) Notre bonheur… en a-t-il fallu de la peine… pour te le conquérir enfin ?… (Après un temps.) As-tu de l’argent ?…

LUCIEN, gêné.

J’en ai… assez… maintenant… À Paris… j’en trouverai… j’en réaliserai…