Page:Mirbeau - Théâtre I.djvu/200

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Et vous rentrez dans vos droits de propriété… intacts… sur le domaine de Porcellet… (Un temps.)… Mais asseyez-vous donc, monsieur le marquis. (Le marquis se rassied.)… Vous voyez qu’Isidore Lechat… cette canaille de Lechat… comme on dit… sait se conduire… à l’occasion… en vrai gentilhomme…

LE MARQUIS, se parlant à lui-même.

C’est impossible… (Un temps.)… Vous n’y songez pas ?

ISIDORE

Je vous demande pardon… j’y songe parfaitement… Et je songe aussi à servir à ma fille une rente de deux cent cinquante mille francs… Je garde le capital… Il est mieux entre mes mains qu’entre les siennes… car le capital me connaît… et il s’amuse avec moi.

Il rit.
LE MARQUIS

Alors… c’est un marché ?

ISIDORE

C’est une affaire…

LE MARQUIS

Vous voulez m’acheter… dites-le… m’acheter ?

ISIDORE

Ah ! voilà les grands mots qui reviennent… Mais non… monsieur le marquis… Je veux vous sauver du désastre… inévitable… Vous serez bien avancé quand vous devrez quitter cette belle terre de Porcellet… réduire à rien une existence fastueuse… accablé de lourdes dettes… traqué par tous les hommes de loi…