Page:Mirbeau - Théâtre I.djvu/203

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une expression d’étonnement croissant.)… Mais oui, mais c’est évident… D’abord, vous possédez un grand crédit… auprès du général de Bragard… votre cousin germain… un militaire étonnant… qui va être nommé, bientôt, chef de l’état-major… je le sais…

LE MARQUIS

Vous savez donc tout ?

ISIDORE, modestement.

C’est mon métier, monsieur le marquis… Ce crédit, j’en ai besoin… pour m’assurer la protection bienveillante du général… dans une colossale affaire qui dépend un peu de lui… et à laquelle cela va de soi… je vous intéresse… (Avec mystère.) J’ai là-dessus… certains projets de défense nationale… qui seront… je crois… approuvés par le général… car… vous ne doutez point… n’est-ce pas que je ne sois un bon et excellent patriote ?… (Avec une chaleur emphatique.) Tout ce que vous voudrez… mais patriote… diable !… Nous en reparlerons… (Un temps.)… Vous avez aussi…

LE MARQUIS

Encore ?…

ISIDORE

Vous avez aussi… une influence électorale… pas très grande… Mais j’entends… cette fois-ci… ne rien négliger… Cette influence… vous en userez… naturellement… en faveur de ma candidature… (Sur un bondissement du marquis.)… pas au grand jour… bien entendu… Je ne vous demande pas des affiches… ni d’aller sur les places publiques et dans les cabarets, crier : « Votez pour Isidore Lechat ! »… Non… parbleu !… Une action