Page:Mirbeau - Théâtre I.djvu/225

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qui m’ont détachée de toi… c’est toi-même. Ta fille ?… Où prends-tu que je sois ta fille ? Nous n’avons jamais échangé dix mots. À quoi bon, d’ailleurs ? Tu n’aurais rien compris à ce que j’aurais pu dire… et toi… tout ce que tu dis… me dégoûte… me révolte…

ISIDORE, avec une gouaille colère.

Oui… oui… je sais… tu méprises les affaires… les affaires… mais pas l’argent…

GERMAINE

T’en ai-je jamais demandé ? Je ne veux pas de tes cadeaux… je ne veux pas de ton argent… je ne veux pas de toi… je ne veux rien de toi…

MADAME LECHAT, bouleversée.

Germaine !… c’est ton père !

ISIDORE, à sa femme.

Laisse donc… laisse donc ! (À Germaine.) Ah ! ah !… Qui t’a élevée ?… qui t’a nourrie ?

MADAME LECHAT, suppliante.

Mon ami… c’est ta fille !

ISIDORE, à Germaine.

Ton luxe ?… tes robes ?…

GERMAINE

Dès que j’ai été en âge de comprendre… dès que j’ai pu me rendre compte d’où il venait, ton luxe… je l’ai répudié… Tes toilettes, je les ai refusées… parce qu’elles me brûlaient la peau… entends-tu ?… Parce que