Page:Mirbeau - Théâtre I.djvu/230

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GERMAINE

Tant mieux !

ISIDORE

Quand même elle devrait revenir, un jour, suppliante — et elle reviendra, ça ne sera pas long, crever de misère à ma porte…

GERMAINE

La misère ?… mais j’en vivrai !… Je la demande, je l’implore… La misère ?… Je pourrai donc enfin accepter quelque chose de toi…

ISIDORE

Imbécile !… Et c’est ma fille !… Et lui… c’était le seul homme que j’aimais ! Naturellement… Faut-il que je sois bête !… (À Lucien de plus près.)… Voyons… Garraud… Vous n’avez pas le droit… Réfléchissez !

LUCIEN

C’est tout réfléchi…

ISIDORE

Tu n’es pas un idiot, toi… Voyons… que feras-tu ?

LUCIEN

Je travaillerai…

ISIDORE

On dit ça… Deux cents francs par mois… Tu trouveras peut-être une place de deux mille quatre… Et puis ?… Je te connais… tu es un rêveur… Jamais tu ne sauras gagner d’argent…