Page:Mirbeau - Théâtre I.djvu/231

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LUCIEN

Il n’y a pas que l’argent au monde…

ISIDORE

Pas que l’argent !… Il parle comme elle, ma parole !… Mais tu n’étais pas bête comme ça, autrefois ?… Elle t’a donc empoisonné de sa bêtise ?… (Il se rapproche encore de Lucien.)… C’est impossible… J’avais de l’ambition pour elle… c’est-à-dire… j’avais bâti, sur elle, de si beaux projets !… Ma fille… voyons… c’était bien le moins qu’elle me serve à quelque chose !… Ah ! le jour où je t’ai tiré du ruisseau, j’aurais mieux fait de me casser la jambe… Tu ne nieras pas que je t’ai tiré du ruisseau ?

LUCIEN

Monsieur… je sais ce que je vous dois.

ISIDORE

Et tu me paies…

LUCIEN

Je vous devais mon temps… mon travail… ma fidélité… Je vous les ai donnés…

GERMAINE

Ça n’a pas de rapport… Tu ne lui dois rien que la remise de tes livres.

ISIDORE

Tais-toi… D’abord… je te défends de le tutoyer devant moi.

LUCIEN, il essaie doucement d’imposer silence à Germaine.

Quant à mes pensées, à mes sentiments… ils m’ap-