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L’ÉPIDÉMIE


La salle des délibérations du Conseil municipal, dans une grande ville maritime. Sur les murs, couverts de boiseries sévères, les portraits de tous les Présidents de la République, depuis Adolphe Thiers, jusqu’à Émile Loubet. Tout autour de la vaste pièce, posés sur des gaines de bois noir, des bustes de la République, différents par les attributs et la signification politique. Au milieu, cheminée monumentale, surmontée d’un panneau sur lequel sont peintes les armes de la ville auréolées de drapeaux tricolores. Grandes portes à droite et à gauche. Une longue table, recouverte d’un tapis vert, où chaque place est marquée par un buvard, des encriers, etc., occupe le centre de la pièce.



Scène première

LE MAIRE, LE MEMBRE DE LA MAJORITÉ, LE MEMBRE DE L’OPPOSITION, LE TRÈS VIEUX CONSEILLER, PREMIER CONSEILLER, DEUXIÈME CONSEILLER, TROISIÈME CONSEILLER, LE SECRÉTAIRE, CONSEILLERS.


Au lever du rideau, le maire cause près de la cheminée avec quelques conseillers. Groupes de conseillers ici et là. Deux sont assis devant la table et écrivent des lettres. Le secrétaire range des paperasses, la plume aux dents.


LE MAIRE

Je crois, messieurs, que nous pouvons ouvrir la séance.

LE MEMBRE DE L’OPPOSITION, tirant sa montre.

Onze heures moins le quart !… Et je déjeune à onze heures et demie. Et nous étions convoqués pour neuf heures !… C’est dégoûtant.