Messieurs… Une nouvelle incroyable… affreuse… foudroyante !
Parlez ! parlez donc !
Messieurs ! (Il laisse retomber la lettre sur la table.) Un bourgeois est mort !
Qu’est-ce que vous dites !
Un bourgeois est mort… emporté par l’épidémie !
Ce n’est pas possible ! ce n’est pas possible !
Ne touchez pas à cette lettre… Brûlez cette lettre… Elle n’est peut-être pas désinfectée… (Il se précipite… s’empare vivement de la lettre et la lance dans la cheminée. Puis, tirant de sa poche un vaporisateur, à grands pas il fait le tour de la pièce.) Désinfectons, Messieurs, désinfectons !
(Et tandis qu’une épouvante plane au-dessus des conseillers, subitement immobiles et convulsés, le maire, d’une voix qui pleure et qui tremble, poursuit dans le silence mortuaire de la salle.)
Nous ignorons son nom… qu’importe ? Nous connaissons son âme… Messieurs, c’était un bourgeois vénérable, gras, rose, heureux… Son ventre faisait envie aux pauvres… Chaque jour, à heure fixe, il se promenait, souriant, sur le cours, et sa face réjouie… son triple