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Scène V


ISIDORE LECHAT, LUCIEN, PHINCK, GRUGGH, Mme  LECHAT, GERMAINE, DEUX VALETS DE PIED
Isidore est coiffé d’un chapeau de paille, vêtu d’une jaquette noire, très longue, très ample, dont les poches sont bourrées de journaux… d’un gilet de piqué havane clair sur lequel brille une grosse chaîne d’or… d’un pantalon gris… de souliers jaunes… Gros homme à ventre rondelet et vulgaire d’allure… dont les yeux fourbes et méfiants, aux regards obliques, contrastent singulièrement avec la mobilité sautillante de la démarche et la perpétuelle agitation des gestes… La barbe grisonnante, courte et dure, accentue encore le rictus des lèvres qui, lorsqu’elles se retroussent, découvrent des dents blanches de loup. Mâchoires lourdes, de carnassier.
Mme  Lechat s’est levée pour recevoir les invités de son mari. Durant le commencement de la scène, ses yeux inquiets vont de Phinck et de Gruggh aux valises que portent les deux valets de pied.


ISIDORE, à Phinck et à Gruggh, avec un orgueil légèrement ricanant.

Ils sont enragés… ces bougres-là… Ah ! l’idée marche, ici… Mazette !… De braves gens ! (Brusquement, il tire sa montre qu’il consulte.) Quinze minutes… De la gare au château, mes enfants, nous avons mis exactement quinze minutes… Du vingt-quatre à l’heure… Hé ! hé !… C’est assez coquet… pour des chevaux… (Phinck et Gruggh approuvent. — À Lucien, vers qui il se retourne.) Et l’engrais ?…

LUCIEN

Rien de nouveau, monsieur.