Page:Mirbeau - Théâtre II.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Robert

Sur quel ton vous me parlez, mon père !… Et pourquoi évoquer encore le souvenir d’un incident qui nous fut si douloureux, à tous les deux !…

Hargand, essayant de se contenir.

Enfin… après… ce qui s’est passé… il avait été convenu… (Avec ironie.) Et je ne pouvais pas exiger davantage de tes convictions… car les sentiments de famille… le respect… (Robert regarde son père avec une grande tristesse.) Enfin… enfin… il avait été convenu que tu resterais… neutre… dans les événements qui se déroulent ici !… Je pensais qu’un tel engagement, vis-à-vis de toi-même et dans les circonstances que tu sais… dût être sacré !…

Robert

Y ai-je manqué ?

Hargand

Comment appelles-tu ces entrevues clandestines que vous avez, toi, mon fils, et Jean Roule, le chef de la grève ?…

Robert, avec un peu d’étonnement.

Ces entrevues !… (Ferme.) Je suis allé à lui… une seule fois… hier !… C’est vrai !

Hargand

Tu l’avoues ?… Ah ! tu l’avoues ?…

Robert

Pourquoi ne l’avouerais-je pas ?… J’ai agi comme je