Page:Mirbeau - Théâtre II.djvu/251

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Madeleine, elle regarde fixement et longtemps la mère Cathiard et la reconnaît. Très bas, très doucement, comme un souffle.

Mère Cathiard !… (Elle regarde son père affaissé sur le banc, et le reconnaît. D’une voix plus assurée, dans le ton de la plainte.) Le père !… Le père !… (Elle regarde Hargand, en face d’elle, et le reconnaît. Avec un frémissement et un léger mouvement de recul.) Lui !… (Ses regards maintenant vont partout. Elle voit des femmes agenouillées.) Qu’est-ce que… Pourquoi ?… pourquoi pleurent-elles ?… (Sa pensée se tend de plus en plus… Tout se recompose en elle ; le travail de la conscience se traduit sur son visage, en accents tragiques… Elle voit le hangar. Un grand cri.) Ah !…

Avec une expression de terreur, elle se rejette dans les bras des femmes, où, quelques secondes, elle reste haletante, la gorge sifflante.
La Mère Cathiard

Madeleine !… Madeleine !… N’ayez pas peur !… nous sommes-là… C’est moi… la mère Cathiard… vous savez bien… votre vieille voisine… Ma petite Madeleine !

Madeleine, encore tremblante.

Mère Cathiard !… Oui… je vous reconnais bien !… C’est vous !… Et le pauvre père… aussi… je le reconnais… je vous reconnais tous !… (Avec angoisse.) Et Jean ?… Où est Jean !…

Hargand se rapproche.
La Mère Cathiard

Nous allons le retrouver, tout à l’heure…

Madeleine

Pourquoi n’est-il pas ici avec vous !… Pourquoi n’est-il pas…