Page:Mirbeau - Théâtre II.djvu/279

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

approfondie des codes de l’honneur… Un peu maquignon, un peu tapissier, duelliste heureux, arbitre plein de subtilité, joueur impassible et chanceux, rien ne m’était si facile que de me faire recevoir d’un cercle coté, d’être invité un peu partout… de faire la navette entre le bureau de l’homme d’affaires et le cabinet de toilette d’une femme à la mode, être le rabatteur de l’un et le pourvoyeur de l’autre… Seulement, voilà… j’avais trop de scrupules…

Le Volé

Évidemment…

Le Voleur

Tricher au jeu ; aux courses, tirer un cheval ; meubler de jeunes cocottes, en démeubler de vieilles ; vendre mon nom, mes influences au profit d’un nouveau Kina, d’un banquier douteux, d’une chemisier réclamiste, d’un fabricant d’automobiles, d’un étranger millionnaire, ou d’une jolie femme ?… Être de la Patrie-Française et du Tir aux pigeons… vanter les romans de M. Bourget, les pièces de M. de Massa, les manifestes de M. le duc d’Orléans, et défoncer sur les hippodromes les chapeaux de M. Loubet ?… Ma foi, non !… Je reconnus, tout de suite, que ce serait au-dessus de mes forces.

Le Volé

Ah ! dame ! ça n’est pas une sinécure.

Le Voleur

À qui le dites-vous… Bref, j’épuisai ainsi tout ce que la vie publique ou privée peut offrir de professions honorées et de respectables carrières, à un