Page:Mirecourt - Béranger.djvu/77

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Tous ses amis montaient au pouvoir. L’ambition venait frapper à sa porte, en lui apportant la carte des nouveaux ministres ; mais le poëte lui cria, comme autrefois à la fortune :

« Passe ton chemin, je n’ouvre pas ! »

Non, mes amis, non, je ne veux rien être ;
Semez ailleurs places, titres et croix.
Non, pour les cours Dieu ne m’a point fait naître :
Oiseau craintif, je fuis la glu des rois.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Votre tombeau sera pompeux sans doute ;
J’aurai sous l’herbe une fosse à l’écart.
Un peuple en deuil vous fait cortège en route ;
Du pauvre, moi, j’attends le corbillard.
En vain on court où votre étoile tombe ;
Qu’importe alors votre gite ou le mien ?
La différence est toujours une tombe.
En me créant Dieu m’a dit : Ne sois rien.

Le Béranger d’alors est absolument le Béranger d’aujourd’hui. Son caractère et