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— « Chacun son tour, pense-t-il. »

C’est ce soir, en revenant d’une admirable promenade sur la hauteur, qu’il a trouvé la lettre de Thérèse.

Le facteur, voyant leur absence, l’avait jetée dans le jardin. Il la décachette sous la lampe. Il lit :


« Monsieur,

« Veuillez m’excuser, c’est une mauvaise nouvelle ; personne d’autre que moi ne songera à prévenir monsieur. C’est bien pénible. Comme je rentrais jeudi soir de mettre à la poste, justement, la dernière lettre que madame a dû écrire à monsieur, je trouvai madame sur le divan du petit salon souffrant beaucoup. Elle m’empêcha de téléphoner au docteur. Elle était de plus en plus mal. Dans la nuit, monsieur, madame la comtesse est morte.

« Monsieur, je pleure en écrivant, que monsieur m’excuse. Le docteur dit que madame s’est empoisonnée, avec un médicament trop violent. Il y avait une lettre pour monsieur, mais on a posé les scellés.

« Je suis, monsieur, dans un grand chagrin, votre bien dévouée.

Thérèse. »


Daniel lève la tête, il est pâle.

Une expression extraordinaire dans les yeux sans larmes.

Il regarde le ciel, par la fenêtre ouverte où passent vite de grands nuages.

— « Qu’as-tu, lui dit sa maîtresse, mais qu’as-tu donc. »

— « Rien, dit-il. »