Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/110

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et sur leur corporation qu’on appelait la Faculté, devaient produire un effet bien plus piquant lorsqu’on avait sous les yeux dans le monde, les originaux des copies ridicules qu’on exposait au théâtre. — Pourceaugnac n’est pas une pièce de carnaval, une pièce faite pour le peuple ; elle fut composée exprès pour le plaisir du roi et de toute la cour. Pourceaugnac fit partie d’une fête que Louis XIV donnait à Chambord. »

Suivant une opinion très-accréditée à Limoges, Molière aurait composé M. de Pourceaugnac pour se venger de l’accueil qu’il avait reçu comme acteur dans cette ville.

Suivant Grimarest, l’idée première de cette pièce aurait été fournie par un gentilhomme limousin, qui se serait querellé sur le théâtre avec les comédiens de Molière et les aurait brutalement insultés. Cette opinion est appuyée du témoignage du rimeur contemporain Robinet, qui dit dans sa gazette en vers :

Tout est dans ce sujet follet
De comédie et de ballet
Digne de son rare génie,
Qu’il tourne certe et qu’il manie
Comme il lui plaît incessamment.
Avec un nouvel agrément,
Comme il tourne aussi sa personne,
Ce qui pas moins ne nous étonne,
Selon les sujets comme il veut.
Il joue autant bien qu’il se peut
Ce marquis de nouvelle fonte,
Dont par hasard, à ce qu’on conte,
L’original est à Paris :
En colère autant que surpris
De s’y voir dépeint de la sorte,
Il jure, il tempête, il s’emporte,
Et veut faire ajourner l’auteur
En réparations d’honneur,
Tant pour lui que pour sa famille,
Laquelle en Pourceaugnacs fourmille…

Les érudits littéraires, comme les collecteurs d’anecdotes, n’ont pas manqué de rechercher les sources auxquelles Molière a puisé ; et tout en admettant que l’accueil fait à notre auteur par la ville de Limoges, ou la querelle du gentilhomme ait été l’occasion première et la cause déterminante de cette comédie, ils ont indiqué comme ayant fourni des inspirations à notre auteur : 1o les Facétieuses journées, de Gabriel Chapuis ; 2o les Repues franches, de Villon ; 3o les Nouveaux contes à rire, du sieur d’Ouville ; 4o l’Histoire générale des larrons ; enfin une comédie en trois actes, intitulée le Disgrazie d’Arlechino (les Disgrâces d’Arlequin), paraît avoir fourni la plupart des tours qu’on joue à Pourceaugnac. Le héros italien est, comme le héros français, persécuté