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DU THÉÂTRE EN FRANCE

par des dates précises les époques auxquelles les drames sacrés cessèrent d’être représentés dans les églises, de même que celles où s’établirent des théâtres fixes. Ces époques ont varié suivant les lieux, et les statuts synodaux d’Orléans, à la date de 1525 et de 1587, constatent encore des représentations dramatiques dans les temples chrétiens.

À côté des genres que nous venons d’indiquer, nous mentionnerons divers autres spectacles qui se rattachent plus ou moins directement à notre sujet, mais qui doivent trouver place ici, par cela seul qu’ils ont eu dans le passé une très-grande importance. Ces spectacles sont les jeux muets par personnages, les dialogues, les danses macabres, les allégories, les pantomimes et les jeux sur des chars. Ils avaient lieu principalement à l’entrée des princes dans les villes et à l’occasion des événements importants. Les plus célèbres sont, en 1313, la pantomime offerte à Philippe le Bel lors de la promotion de son fils à l’ordre de chevalerie ; — en 1424, la danse macabre que les Anglais firent jouer à Paris dans le cimetière des Innocents en réjouissance de leur victoire de Verneuil ; — en 1437, le combat des sept Péchés Capitaux contre les Vertus Théologales et les quatre Vertus Cardinales, représenté à l’entrée de Charles VIII à Paris ; — en 1468, le Jugement de Pâris, dans lequel les trois déesses étaient entièrement nues. En 1550, à Rouen, lors de la visite que Henri II fit dans cette ville, on offrit à ce prince la mise en scène de toute la chronologie des rois de France, à partir de Pharamond, et le roi entra dans la ville à la suite de ses prédécesseurs.

Les mystères, les farces, les soties, les moralités, les allégories, les danses macabres, les jeux sur des chars, les processions du renard, les fêtes des fous, de l’âne, des Innocents, toutes ces scènes bizarres, pieuses, cyniques, qui sont comme autant d’intermèdes dans le drame splendide du moyen âge, s’étaient produites presque simultanément pendant quatre siècles. L’art était morcelé comme le sol féodal, varié a l’infini comme les coutumes, simple, sauvage et croyant comme les bourgeois des villes municipales ; mystique dans les mystères, railleur et sceptique dans les soties, et toujours indépendant, parce que la société elle-même n’é-