de satires tombent directement sur les mœurs, et ne frappent les personnes que par réflexion. N’allons point nous appliquer nous-mêmes les traits d’une censure générale ; et profitons de la leçon, si nous pouvons, sans faire semblant qu’on parle à nous. Toutes les peintures ridicules qu’on expose sur les théâtres doivent être regardées sans chagrin de tout le monde. Ce sont miroirs publics, où il ne faut jamais témoigner qu’on se voie ; et c’est se taxer hautement d’un défaut, que se scandaliser qu’on le reprenne.
Pour moi, je ne parle pas de ces choses par la part que j’y puisse avoir, et je pense que je vis d’un air dans le monde à ne pas craindre d’être cherchée dans les peintures qu’on fait là des femmes qui se gouvernent mal.
Assurément, madame, on ne vous y cherchera point. Votre conduite est assez connue, et ce sont de ces sortes de choses qui ne sont contestées de personne.
Aussi, madame, n’ai-je rien dit qui aille à vous ; et mes paroles, comme les satires de la comédie, demeurent dans la thèse générale.
Je n’en doute pas, madame. Mais enfin passons sur ce chapitre. Je ne sais pas de quelle façon vous recevez les injures qu’on dit à notre sexe dans un certain endroit de la pièce ; et, pour moi, je vous avoue que je suis dans une colère épouvantable, de voir que cet auteur impertinent nous appelle des animaux.
Ne voyez-vous pas que c’est un ridicule qu’il fait parler ?
Et puis, madame, ne savez-vous pas que les injures des amants n’offensent jamais ; qu’il est des amours emportés aussi bien que des doucereux ; et qu’en de pareilles occasions les paroles les plus étranges, et quelque chose de pis encore, se prennent bien souvent pour des marques d’affection, par celles mêmes qui les reçoivent ?
Dites tout ce que vous voudrez, je ne saurais digérer cela,