Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/152

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Scène 5

Sganarelle, seul.

Il est bon quelquefois de ne point faire semblant d’entendre les choses qu’on n’entend que trop bien ; et j’ai fait sagement de parer la déclaration d’un désir que je ne suis pas résolu de contenter. A-t-on jamais rien vu de plus tyrannique que cette coutume où l’on veut assujettir les pères, rien de plus impertinent et de plus ridicule que d’amasser du bien avec de grands travaux, et d’élever une fille avec beaucoup de soin et de tendresse, pour se dépouiller de l’un et de l’autre entre les mains d’un homme qui ne nous touche de rien ? Non, non, je me moque de cet usage, et je veux garder mon bien et ma fille pour moi.



Scène 6

Lisette, Sganarelle.
Lisette, courant sur le théâtre, et feignant de ne pas voir Sganarelle.

Ah ! malheur ! ah ! disgrâce ! ah ! pauvre seigneur Sganarelle, où pourrai-je te rencontrer ?

Sganarelle, à part.

Que dit-elle là ?

Lisette, courant toujours.

Ah ! misérable père ! que feras-tu, quand tu sauras cette nouvelle ?

Sganarelle, à part.

Que sera-ce ?

Lisette

Ma pauvre maîtresse !

Sganarelle

Je suis perdu !

Lisette

Ah !

Sganarelle, courant après Lisette.

Lisette !

Lisette

Quelle infortune !

Sganarelle

Lisette !

Lisette

Quel accident !