Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/166

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Hé bien, Lisette, me trouves-tu bien ainsi ?

Lisette
Le mieux du monde, et je vous attendais avec impatience. Enfin, le Ciel m’a faite d’un naturel le plus humain du monde, et je ne puis voir deux amants soupirer l’un pour l’autre, qu’il ne me prenne une tendresse charitable, et un désir ardent de soulager les maux qu’ils souffrent. Je veux à quelque prix que ce soit, tirer Lucinde de la tyrannie où elle est, et la mettre en votre pouvoir. Vous m’avez plu d’abord, je me connais en gens, et elle ne peut pas mieux choisir. L’amour risque des choses extraordinaires, et nous avons concerté ensemble une manière de stratagème, qui pourra peut-être nous réussir. Toutes nos mesures sont déjà prises. L’homme à qui nous avons affaire n’est pas des plus fins de ce monde : et si cette aventure nous manque, nous trouverons mille autres voies, pour arriver à notre but. Attendez-moi là seulement, je reviens vous quérir.



Scène 4

Sganarelle, Lisette.

Lisette
Monsieur, allégresse ! allégresse !

Sganarelle
Qu’est-ce ?

Lisette
Réjouissez-vous.

Sganarelle
De quoi ?

Lisette
Réjouissez-vous, vous dis-je.

Sganarelle
Dis-moi donc ce que c’est, et puis je me réjouirai peut-être.

Lisette