Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/291

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Perrin

C’est comme je l’entendons.

Sganarelle

Tenez, voilà un morceau de fromage qu’il faut que vous lui fassiez prendre.

Perrin

Du fromage, monsieu ?

Sganarelle

Oui, c’est un fromage préparé, où il entre de l’or, du corail et des perles, et quantité d’autres choses précieuses.

Perrin

Monsieu, je vous sommes bien obligés ; et j’allons li faire prendre ça tout à l’heure.

Sganarelle

Allez. Si elle meurt, ne manquez pas de la faire enterrer du mieux que vous pourrez.



Scène III

Le théâtre change, et représente, comme au seconde acte, une chambre de la maison de Géronte.
Jacqueline, Sganarelle, Lucas, dans le fond du théâtre
Sganarelle

Voici la belle nourrice. Ah ! nourrice de mon cœur, je suis ravi de cette rencontre ; et votre vue est la rhubarbe, la casse, et le séné, qui purgent toute la mélancolie de mon ame.

Jacqueline

Par ma figue, monsieu le médecin, ça est trop bian dit pour moi, et je n’entends rian à tout votre latin.

Sganarelle

Devenez malade, nourrice, je vous prie ; devenez malade pour l’amour de moi. J’aurois toutes les joies du monde de vous guérir.

Jacqueline

Je sis votre sarvante ; j’aime bian mieux qu’an ne me garisse pas.

Sganarelle

Que je vous plains, belle nourrice, d’avoir un mari jaloux et fâcheux comme celui que vous avez !