Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/324

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LYCARSIS.

Non.

MYRTIL.

Non.Me permettez-vous de vous désobéir,
Si de ces sentiments on vous fait revenir ?
Prononcez le mot.

LYCARSIS.

Prononcez le mot.Oui. Ha, nature, nature !
Je m’en vais trouver Mopse, et lui faire ouverture
De l’amour que sa nièce et toi vous vous portez.

MYRTIL.

Ah ! que ne dois-je point à vos rares bontés ?
Seul.
Quelle heureuse nouvelle à dire à Mélicerte !
Je n’accepterois pas une couronne offerte,
Pour le plaisir que j’ai de courir lui porter
Ce merveilleux succès qui la doit contenter.


Scène VI.


ACANTHE, TYRÈNE, MYRTIL.

ACANTHE.

Ah ! Myrtil, vous avez du Ciel reçu des charmes
Qui nous ont préparé des matières de larmes ;
Et leur naissant éclat, fatal à nos ardeurs,
De ce que nous aimons nous enlève les cœurs.

TYRÈNE.

Peut-on savoir, Myrtil, vers qui de ces deux belles,
Vous tournerez ce choix dont courent les nouvelles ?
Et sur qui doit de nous tomber ce coup affreux,
Dont se voit foudroyé tout l’espoir de nos vœux ?

ACANTHE.

Ne faites point languir deux amants davantage,
Et nous dites quel sort votre cœur nous partage.

TYRÈNE.

Il vaut mieux, quand on craint ces malheurs éclatants,
En mourir tout d’un coup, que traîner si longtemps.

MYRTIL.

Rendez, nobles bergers, le calme à votre flamme,
La belle Mélicerte a captivé mon âme.
Auprès de cet objet mon sort est assez doux,
Pour ne pas consentir à rien prendre sur vous ;
Et si vos vœux enfin n’ont que les miens à craindre,