Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/356

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Seigneur François, vous ne devriez pas, ce me semble, parler ; cela vous détourne de votre ouvrage. Adraste

Ah ! point du tout. J’ai toujours de coutume de parler quand je peins ; et il est besoin, dans ces choses, d’un peu de conversation, pour réveiller l’esprit, et tenir les visages dans la gaieté nécessaire aux personnes que l’on veut peindre.

Scène XII

Hali, vêtu en Espagnol, Dom Pèdre, Adraste, Isidore

Dom Pèdre

Que veut cet homme-là ? et qui laisse monter les gens sans nous en venir avertir ?

Hali

J’entre ici librement ; mais, entre cavaliers, telle liberté est permise. Seigneur, suis-je connu de vous ?

Dom Pèdre

Non, seigneur.

Hali

Je suis Dom Gilles d’Avalos, et l’histoire d’Espagne vous doit avoir instruit de mon mérite.

Dom Pèdre

Souhaitez-vous quelque chose de moi ?

Hali

Oui, un conseil sur un fait d’honneur. Je sais qu’en ces matières il est malaisé de trouver un cavalier plus consommé que vous ; mais je vous demande pour grâce que nous nous tirions à l’écart.

Dom Pèdre

Nous voilà assez loin.

Adraste, regardant Isidore.

Elle a les yeux bleus.

Hali

Seigneur, j’ai reçu un soufflet : vous savez ce qu’est un soufflet, lorsqu’il se donne à main ouverte, sur le beau milieu de la joue. J’ai ce soufflet fort sur le cœur : et