Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/358

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Voilà mon sentiment, et je vous baise les mains.

Hali

Seigneur, quand vous aurez reçu quelque soufflet, je suis homme aussi de conseil, et je pourrai vous rendre la pareille.

Dom Pèdre

Je vous laisse aller sans vous reconduire ; mais, entre cavaliers, cette liberté est permise.

Adraste

Non, il n’est rien qui puisse effacer de mon cœur les tendres témoignages…

(Dom Pèdre, apercevant Adraste qui parle de près à Isidore.)

Je regardois ce petit trou qu’elle a au côté du menton, et je croyois d’abord que ce fût une tache. Mais c’est assez pour aujourd’hui, nous finirons une autre fois. (Parlant à Dom Pèdre.) Non, ne regardez rien encore ; faites serrer cela, je vous prie. (A Isidore.) Et vous, je vous conjure de ne vous relâcher point, et de garder un esprit gai, pour le dessein que j’ai d’achever notre ouvrage.

Isidore

Je conserverai pour cela toute la gaieté qu’il faut.

Scène XIII

Dom Pèdre, Isidore

Isidore

Qu’en dites-vous ? ce gentilhomme me paroît le plus civil du monde, et l’on doit demeurer d’accord que les François ont quelque chose en eux de poli, de galant, que n’ont point les autres nations.

Dom Pèdre

Oui ; mais ils ont cela de mauvais, qu’ils s’émancipent un peu trop, et s’attachent, en étourdis, à conter des fleurettes à tout ce qu’ils rencontrent.

Isidore

C’est qu’ils savent qu’on plaît aux Dames par ces choses.

Dom Pèdre

Oui ; mais s’ils plaisent aux Dames, ils déplaisent fort aux Messieurs ; et l’on n’est point bien aise de voir, sur sa moustache, cajoler hardiment sa femme ou sa maîtresse.

Isidore

Ce qu’ils en font n’est que par jeu.

Scène XIV

Climène, Dom Pèdre, Isidore

Climène, voilée.