Le fourbe, trop longtemps, a gouverné mon père,
Et desservi mes feux avec ceux de Valère.
Il faut que du perfide il soit désabusé ;
Et le ciel, pour cela, m’offre un moyen aisé.
De cette occasion je lui suis redevable,
Et, pour la négliger, elle est trop favorable :
Ce serait mériter qu’il me la vînt ravir,
Que de l’avoir en main et ne m’en pas servir.
Et vos discours en vain prétendent m’obliger
À quitter le plaisir de me pouvoir venger.
Sans aller plus avant, je vais vider d’affaire ;
Et voici justement de quoi me satisfaire.
Scène 5
D’un incident tout frais qui vous surprendra fort.
Vous êtes bien payé de toutes vos caresses,
Et monsieur d’un beau prix reconnaît vos tendresses.
Son grand zèle pour vous vient de se déclarer :
Il ne va pas à moins qu’à vous déshonorer ;
Et je l’ai surpris là qui faisait à madame
L’injurieux aveu d’une coupable flamme.
Elle est d’une humeur douce, et son cœur trop discret
Voulait à toute force en garder le secret ;
Mais je ne puis flatter une telle impudence,
Et crois que vous la taire est vous faire une offense.
On ne doit d’un mari traverser le repos ;
Que ce n’est point de là que l’honneur peut dépendre,
Et qu’il suffit, pour nous, de savoir nous défendre.
Ce sont mes sentiments ; et vous n’auriez rien dit,
Damis, si j’avais eu sur vous quelque crédit.